Randonnée au quartier St MICHEL à St BRIEUC le 11 juin 2012 avec Georges LE MOEL

Compte rendu de visite de Denis ROQUES


Lundi 11 juin 2012 : Découverte du quartier Saint-Michel à Saint-Brieuc / 21 participants

1) visite du cimetière Saint-Michel

A l'entrée, un bronze de femme personnifiant la France, étreignant dans ses bras un aigle blessé, œuvre du sculpteur Rennais Jean Boucher, en hommage à Edouard Le Mounier, aviateur, mort au combat en 1918.

Etape artistique avec Raymond Hains 1926-2005, plasticien, mouvement des nouveaux réalistes, il travaille sur des affiches lacérées, il joue avec les mots. Médaillon de l'artiste en bas-relief.

Le souvenir de la résistance et les 3 lycéens martyrs du lycée Le Braz : Le 10 décembre 1943, les Allemands recherchent les meurtriers d’un vaguemestre abattu à Plérin avec son arme. Ils entrent au lycée et procèdent à une rafle de 21 élèves. Avant de retrouver l’arme du soldat allemand… Trois des quatre jeunes qui avaient participé à l’opération, Pierre Le Cornec, Yves Salaün et Georges Geoffroy, sont confondus, transférés à Fresnes et jugés par un tribunal militaire. Le 21 février 1944, ils sont fusillés au Mont-Valérien. Malgré le supplice de la baignoire, aucun ne dénoncera leur comparse, Louis Le Faucheur.

La guerre 14-18 :

Dans le carré militaire, Lucien Camus, le père d’Albert Camus, blessé à la bataille de la Marne, évacué le 11 octobre à l'hôpital militaire de Saint-Brieuc où il meurt le 17 octobre 1914. Le lycée de garçons de Saint-Brieuc (devenu collège Anatole Le Braz) avait été transformé dès le début de la guerre en hôpital militaire secondaire où on évacuait les blessés.

Les trois frères : Elie, Paul et Henri Le Goff, tous trois sculpteurs et morts pour la France. Leur père Elie, également sculpteur les a représentés sur un médaillon en bronze, et a reproduit sur le piédestal une composition de Paul, intitulée Funérailles en Bretagne : un porche de chapelle, d'où sortent trois générations de femmes vêtues de manteaux de veuve.


2) visite de l'église Saint-Michel

Jean-Yves Le Moal nous ouvre les portes de l'église Saint-Michel :

L'église Saint-Michel, est édifiée par Lorin (1781-1846) et consacrée en 1875.

Georges Le Moel nous fait admirer le péristyle de style néoclassique avec ses colonnes doriques et nous fait remarquer les triglyphes et les gutules de son architrave.

La nef est de style néo-roman, les vitraux sont de Charles-François Champigneulle et l'orgue de Cavaillé-Coll.

L'église abrite deux peintures murales de Raphael Donguy : dans le cœur, Saint-Michel terrassant un démon, dans le transept une assomption inspirée de Poussin, où l'artiste a représenté ses enfants.

Pendant l'occupation allemande, un poste émetteur clandestin fut installé derrière l'orgue par l'abbé Fleury, martyr de la Résistance en 1944.

C'est en l'église Saint-Michel que Ferdinand Foch né à Tarbes le 2 octobre 1851, alors capitaine d’artillerie en garnison à Rennes épousa Julie Bienvenue une petite-cousine de Fulgence Bienvenüe, le créateur du métro Parisien, née à Saint Brieuc le 5 février 1860.


3) Monuments des déportés 1995

En sortant de l'église au bas de la place Saint-Michel, un monument "art moderne" aux déportés édifié par les élèves du Lycée Ernest Renan sous l'impulsion de leur professeur d'art plastique.


4) La rue Maréchal Foch

Nous retrouverons Ferdinand Foch au 43 de la rue du Maréchal Foch, anciennement rue Saint-Michel, une plaque commémorative est apposée sur la maison où il effectua de "longs séjours" de 1883 à 1897.

 

5) Déjeuner :

Pique-Nique dans une salle du lycée Ernest Renan, bienvenue pour nous abriter de la pluie.


6) Parc des promenades

C'est le jardin du palais de justice, dessiné par Barillet Deschamps, jardinier en chef de Paris. Plusieurs sculptures l'agrémentent : la forme se dégageant de la matière, chef d'œuvre de Paul Le Goff, un buste hommage au dramaturge Villiers de l'Isle Adam sculpté par Elie Le Goff (père), et la Bretonne du Goëlo de Francis Renaud.

Le palais de justice, rez-de-chaussée en granite du Goedic, étage en granite de l'Ile Grande, un bâtiment de peu d'intérêt si ce n'est le groupe sculpté ornant le fronton de l'entrée, créé par Pierre-Marie Ogé , la justice trône au centre, à droite l'avocate de la victime, la victime, la science et l'industrie, à gauche la procureur tendant un miroir à l'accusé, le criminel avec son poignard, la hache et le billot.


7) Le monument aux morts

Nous terminons la visite, sous la pluie, abrités par une forêt de parapluies, par le monument aux morts de Francis Renaud, édifié en 1922 et agrandi en 1946 pour inscrire les noms des victimes de la seconde guerre mondiale.

Merci à Georges Le Moël pour ce parcours, ah si j'avais pu l'avoir comme prof d'histoire !

Retour à Saint-Quay - où il n'a pas plu- le microclimat quinocéen…


DR



Photos Hélène GUEGAN et Guy MORVAN

Les chemins de Saint MICHEL Bernard CADORET

Un quartier résidentiel au-dessus du centre-ville 

 

Suite à l’extension résidentielle du centre-ville au 19ème siècle , le quartier Saint-Michel de St-Brieuc a encore de nos jours cet aspect tranquille et bourgeois qui a été décrit au début du vingtième siècle par les romanciers Louis Guilloux ( 1889-1980 ) et François Menez ( 1887-1945 ).

Pour ce dernier , «  le voisinage tranquille de l’église St-Michel attirait davantage les rentiers , les robins et les professeurs ; des fenêtres de leurs maisons à marquises ou à panonceaux , discrètement entr’ouvertes , montait une odeur de vieux dossiers et de bouquins poussiéreux »

Pour Louis Guilloux , la proximité du cimetière St-Michel accentuait le caractère funèbre de ce quartier ( par contraste avec le quartier ouvrier de son enfance auprès de la cathédrale ) , au point qu’il l’appelait « Mortgorod » .

 

Un cimetière de célébrités briochines , et de souvenirs littéraires 

 

Le cimetière Saint-Michel ( cimetière du centre-ville de Saint-Brieuc , déplacé au lieu-dit Champ Gilette à l’occasion de la construction de la nouvelle église ) abrite les tombes de personnages importants de la ville  , notamment celles de l’Amiral Léonard-Victor Charner ( 1797-1869 ) qui s’illustra au cours de diverses campagnes ( expédition d’Alger , retour de Sainte-Hélène des cendres de Napoléon 1er , guerre de Crimée , conquête de la Cochinchine… ) , de maires du 19 ème siècle ayant donné leur nom à des rues de la ville : Charles Baratoux , Gabriel Hérault , Charles Pradal ; du peintre Raphaël Donguy ( 1812-1877 ) , du linguiste breton François Vallée ( 1860-1949 ) , de l’écrivain de langue bretonne Meven Mordiern ( 1878-1949 ) , de Louis Guilloux … et de bien d’autres célébrités briochines , au point que certains ont parlé d’un « Père Lachaise briochin » .

Il contient aussi la tombe du père d’Albert Camus : Lucien Camus ouvrier agricole blessé à la bataille de la Marne est mort en 1914 dans un hôpital de Saint-Brieuc et est enterré au carré militaire ; Albert Camus , guidé par Louis Guilloux , serait venu sur la tombe de son père en 1947 et en 1957 .

L’écrivain Roger Nimier ( 1925-1962 ) y est également enterré ; il était le fils de l’ingénieur Paul Nimier ( 1890-1939 ) , inventeur de l’horloge parlante , et le neveu du Docteur Nimier de Saint-Brieuc qui s’illustra lors de la Grande Guerre comme médecin-major du 74ème Régiment d’Infanterie .

Mais la tombe la plus émouvante est sans doute celle des Trois Frères Le Goff : Elie , Paul et Henri , jeunes sculpteurs morts pendant la première guerre mondiale ; elle est l’œuvre de leur père Elie ( 1858-1938 ) lui-même sculpteur .

 

Près du cimetière un monument par le sculpteur briochin Armel Beaufils ( 1882-1952 ) est dédié à Anatole Le Braz ( 1859-1926 ) .

 

En contre-bas de l’église un monument plus récent honore les morts en déportation pendant la deuxième guerre mondiale .

 

 

Des promenades agréables :

 

Sur un plan moins sévère , le quartier offre des promenades agréables avec des points-de-vue sur les deux vallées qui encadrent le centre-ville de Saint-Brieuc depuis le Tertre Aubé ( au-dessus de la vallée du Gouët ) et le rond-point Huguin ( au-dessus de la vallée du Gouëdic ) .


texte de Bernard CADORET, chemins de St MICHEL 2011.