Samedi 13.04.13 : conférence « Breton, Gallo, Français, langues de Bretagne » avec Jean LE DU

Photos Hélène GUEGAN, texte Bernard CADORET

“Les langues de Bretagne”

 

Conférence « Breton, Gallo, Français, langues de Bretagne », le 13 avril 2013 à l’ancienne mairie de St-Quay-Portrieux,  par Jean Le Dû professeur émérite de linguistique à Brest.

 

Le conférencier présente d’abord le cadre géographique actuel ( opposition entre les « montagnes » de l’ouest breton et l’est moins accidenté ) et passé ( continuité terrestre entre le France et l’Angleterre actuelles à l’époque des grandes glaciations il y a plus de 20 000 ans). La civilisation celtique se serait alors développée non pas au centre de l’Europe (comme on le pensait au XIX ème siècle) mais sur les rivages de l’Atlantique autour du grand fleuve qui coulait alors au milieu de la Manche actuelle. Cette civilisation se serait ensuite répandue vers l’est.

A l’époque romaine, le latin ne s’est pas complètement substitué au gaulois en Armorique; mais ultérieurement le celtique, même renforcé au Vème siècle par des populations venues de Grande-Bretagne, a reculé très progressivement devant le roman : d’abord autour des grandes villes de Rennes et de Nantes, puis en suivant les cours d’eau jusqu’à la limite actuelle atteinte en gros vers 1500 ( limite correspondant au relief plus accidenté et à l’absence de cours d’eau navigables à l’ouest de l’Oust ).

La zone résiduelle du breton correspond ainsi aux anciennes cités gauloises des Osismes ( au nord et à l’ouest ) et des Vénètes ( au sud-est ); les parlers bretons reflètent encore cette division nord/sud mais ils sont aussi marqués par l’influence de Carhaix, carrefour routier central et ville encore importante au début du Moyen-Age.

 

La Bretagne est donc divisée entre une zone celtique à l’ouest et une zone romane à l’est. Des cartes de noms de famille (noms de métier comme Le Goff/ Le Fèvre) du début du XX ème siècle illustrent cette division : patronymes bretons à l’ouest/ patronymes français à l’est.

 

Contrairement à une opinion répandue, le gallo (que la plupart de ses locuteurs appellent « patois ») n’est pas du tout du français déformé mais le résultat de l’évolution du latin puis du roman dans l’est de la Bretagne : le conférencier donne des exemples de mots gallos bien moins « déformés » que les mots français correspondants !

Le gallo, langue romane proche du français, n’a rien à voir non plus avec le breton, langue celtique.

 

L’usage du français, sous sa forme centrale et officielle, est longtemps resté limité à une élite; il ne s’est répandu dans l’ensemble de la population bretonne (comme d’ailleurs dans l’ensemble de la France) que récemment, essentiellement à partir de la scolarisation obligatoire de Jules Ferry, puis des bouleversements économiques consécutifs à la deuxième guerre mondiale.